Métiers en transition

L’évolution rapide et sous contraintes du métier de journalisme

Depuis plus de 20 ans, le métier de journaliste est soumis à de multiples tensions, qui provoquent des évolutions sans cesse. Ces dernières années, la production journalistique a vu l’émergence des réseaux sociaux et plus globalement d’internet prendre des parts de marché de plus en plus importantes. Comment le journalisme a évolué pour s’adapter aux nouvelles contraintes ?

Par la rédaction, publié le 8 décembre 2021

Vers un nouveau modèle économique

La presse a dû s’adapter à la généralisation d’internet. Cette part grandissante de lecteurs en ligne a réduit considérablement la part de consommateurs traditionnels du format papier. Selon m-c-conseil, ce sont à peine 6% des Français qui prenaient du temps pour lire la presse chaque mois en 2017.


Le journalisme est donc désormais confronté à un nouveau modèle économique en passant du print au web. En effet, face au développement des médias web, de moins en moins de clients se ruent vers les journaux au format papier. La crise sanitaire a également contribué à cette tendance avec un basculement des lecteurs vers le web.

Il est vrai que l’avenir de la presse physique a longtemps été sujet à débat. Aujourd’hui, la question ne se pose plus sur la survie du monde de la presse. Grâce à ce nouveau modèle économique, les groupes ont pu trouver une résilience économique tout en répondant aux besoins des lecteurs. Pour ce faire, ils se sont lancés à la conquête des abonnements numériques. En effet, un lecteur en ligne ne génère pas de revenus, en revanche, plus le trafic sur le site est élevé et plus les revenus publicitaires tirés par cette audience le seront.

Plus récemment et face à l’arrivée de nombreux outils bloqueurs de publicité en ligne, les médias ont une nouvelle fois su rebondir en proposant cette fois-ci un système d’abonnement pour avoir accès à l’intégralité de leurs articles.

Avec l’arrivée du digital, le monde du journalisme a énormément souffert avec un business modèle traditionnel devenu peu rentable. Le secteur a donc subi une profonde transformation en offrant leurs services en ligne dans le but de réduire les coûts et de générer de nouveaux revenus. Pour ce faire, les pratiques au quotidien, le lien entretenu avec les lecteurs, les formats de l’information (podcast, article, vidéo) ou encore la relation à l’information ont tous été transformés.

À noter toutefois que le print n’est pas mort. Le format papier conserve en effet sa part de fidèles qui ne trouvent pas de plaisir à feuilleter un magazine en ligne. Cela est d’autant plus vrai pour la presse spécialisée (magazines auto, magazines sportifs, etc.).

Quand les nouvelles technologies s’immiscent dans le travail du journalisme

Au-delà de la question de la digitalisation de l’information, l’avenir du journalisme est à nouveau sujet à débat. En effet, l’arrivée imminente de l’intelligence artificielle, comme dans de nombreux autres métiers, apparaît comme un concurrent de poids puisque cette technologie permet la génération de contenu ainsi que plein d’autres applications à moindre coût.

OpenAI ouvert à tous

Après une période où l’application était accessible uniquement sur demande, à un public fortement limité et sélectionné, la solution OpenAi est depuis quelques jours désormais ouverte à tous, sur simple inscription avec une tarification à l’usage.

Par exemple, GPT-3 est un modèle spécifique de langage proposant des dizaines de milliards de paramètres. Cette intelligence artificielle développée par OpenAI permet de générer du contenu écrit proche d’un texte rédigé par un humain. Pour ce faire, il va alors utiliser des algorithmes préentrainés pour générer du texte. L’objectif de cette IA est multiple puisqu’elle pourra :

  • rédiger des textes qualitatifs ;

  • synthétiser des textes longs ;

  • rédiger des articles d’actualité, et bien d’autres encore.

Ainsi, de la collecte de l’information jusqu’à la rédaction des articles, les nouvelles technologies prendront assurément de plus en plus de place dans l’univers du journalisme. En ce sens, l’IA pourra constituer à terme, un nouveau défi pour le journalisme traditionnel, et cela commence par l’adaptation de la formation des journalistes, comme nous le suggère ce professionnel d’une Ecole de communication. Toutefois, l’intelligence artificielle peut également être complémentaire des journalistes. On peut penser alors à une relecture « intelligente » capable d’optimiser les contenus SEO de l’article en question et bien d’autres applications proposant plutôt une aide qu’un remplacement.

AI : attention à Google

La facilité avec laquelle une AI peut produire du contenu provoque une explosion des contenus en ligne, de piètre qualité informationnelle même si d’apparence humaine : en effet, une AI n’a en général aucune capacité à vérifier la véracité de ce qu’elle produit. Google a réagi immédiatement en réduisant fortement les nouveaux contenus indexés dans son moteur.

Enfin, la technologie est déjà appliquée dans certains domaines, dont le datajournalisme. Par exemple chez Bloomberg, l’intelligence artificielle est déjà utilisée à des fins journalistiques. Ainsi, les datas scientists se sont alliés avec des journalistes économiques pour réaliser des algorithmes capables de capter les signaux, d’en tirer une conclusion, et de rédiger un article court décrivant la situation. Cela leur sert d’une part à être les premiers sur l’information et d’autre part de laisser plus de temps au journaliste de rédiger son article.

Un nouveau mode d’écriture

Face à l’invasion des articles en ligne, de tous les niveaux de qualités, les lecteurs sont de plus exigeants en termes d’écriture. Ainsi, le format digital impose des textes rapides et concis, bien loin des caractéristiques du format print. Pour ce faire, le secteur du journalisme a développé de nouveaux modes de communication tels que la vidéo et l’infographie. Néanmoins, cela requiert une certaine polyvalence chez les journalistes qui devront désormais faire du Mojo et utiliser des outils en ligne capables comme Canva, d’apporter ce dynamisme.