Entreprenariat : « La Belgique attire beaucoup de Français »

Optimisation fiscale, pouvoir d’achat, qualité de vie. Depuis plusieurs années, la Belgique est devenue l’un des territoires les plus propices à la création d’entreprises pour les ressortissants français. Mais du salariat à l’entrepreneuriat, il y a souvent plus qu’un pas.

Issam Lachehab

Selon un rapport de l’institut bruxellois de Statistique et d’Analyse (IBSA) paru en 2018, plus d’un Bruxellois sur trois n’est pas de nationalité belge. La ville est l’une des capitales européennes les plus cosmopolites du continent, et accueille chaque année de nombreux Français venus tenter une aventure entrepreneuriale. Ils seraient entre 100 000 et 150 000 dans la région Bruxelles-Capitale.

Un café trois fois moins cher qu’à Paris

Bon à savoir

En 2019, le prix moyen du mètre carré à Paris est de 10 000 euros, en augmentation de 248 % depuis 2000.

Le mètre carré bruxellois, s’élèverait en moyenne à 3200 euros.

Qu’ils soient salariés dans le commerce ou pour un cabinet de consultance, la majorité des Français souhaitant s’expatrier en Belgique viennent de la région francilienne. Leur objectif est la plupart du temps de « s’extirper de la vie parisienne pour souffler », mais les arguments de leur départ sont aussi d’ordre financier. À titre d’exemple, un café dans le quartier de la Sorbonne à Paris pourra vous coûter jusqu’à sept euros, alors que son prix ne dépassera pas les trois euros dans le centre-ville bruxellois. Les loyers y sont également moins coûteux. Même si l’eau ne vous sera pas forcément offerte dans les restaurants comme il est de coutume en France, Bruxelles sait donc allonger les cartes pour séduire les Français désireux de changement.

Examen du jury Central

Consultant ou artisan, il faudra cependant se pencher sur les conditions préalables à la création d’une entreprise individuelle en Belgique pour pouvoir démarrer une aventure en indépendant à Bruxelles, classée 27e au rang des villes où il fait bon vivre selon le bureau de consultance Mercer.

Première obligation, respecter les conditions « liées à la personne ». Ces obligations sont d’avoir la majorité, de jouir de droits civils, d’être juridiquement capable et d’être un ressortissant européen. En outre, des critères liés à votre activité seront pris en compte et il faudra entre autres prouver vos connaissances de gestion de base pour l’ouverture de toute activité de commerce et d’artisanat, qu’elle soit exercée à titre principal ou à titre complémentaire et quelle que soit la forme d’entreprise choisie (société, indépendant/autoentrepreneur). C’est dans ce contexte que le demandeur devra délivrer aux autorités un diplôme prouvant sa légitimité à vouloir créer une entreprise dans le secteur ciblé.

Pour aller plus loin

Nous vous conseillons cette vidéo qui détaille les conditions pour devenir indépendant en Belgique.

Si vous ne disposez pas de certification d’études supérieures, l’examen du jury Central sera donc un passage obligé (en Wallonie et à Bruxelles-Capitale) pour continuer vos démarches. Un examen composé d’un QCM de trente questions et d’une durée de 1 h 30, « mais qui se doit d’être réformé » selon Thierry Lemmens de Pedagoclic SCS, spécialiste et formateur à l’examen du jury Central.

D’autres conditions s’ajoutent à celle de la gestion de base pour une série d’activités dites réglementées. Des compétences professionnelles, autrement dit une certification, devront être démontrées en plus, dans une série de métiers jugés à risques : Secteurs de la construction, des soins à la personne, de l’entretien et réparations de véhicules…

À l’issue de ces différentes étapes, vous pourrez enfin démarrer une activité en indépendant ou à travers une société.

Entretien avec Stéphane de Vaucelles, créateur de la Compagnie financière Cadmos, structure de consulting basée à Bruxelles

Depuis combien de temps êtes-vous implanté à Bruxelles ?

S. de V : « J’ai d’abord été banquier d’affaires à Paris et Londres, avant d’entreprendre une activité en Côte d’Ivoire. C’est en 2005 que j’ai rejoint Bruxelles dans l’objectif d’y créer ma société. »

Pourquoi avoir choisi Bruxelles comme lieu d’implantation ?

S. de V : « Bruxelles est une ville internationale, avec sa spécificité qu’elle accueille la Commission européenne et l’un des sièges de l’OTAN. Cela favorise le développement des activités culturelles, et le réseau d’ambassades qui est le principal d’Europe. Bruxelles est également une ville où il fait bon vivre, on y trouve de nombreux espaces verts et une quiétude que l’on ne retrouve pas dans des grandes villes comme Paris ou Londres. Enfin, elle est une métropole centrale, qui permet une proximité avec les pays à proximité. Nous sommes à 1 h de Paris et des Pays-Bas, ainsi qu’à 2 h de Londres. »